Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 20:44

Une opération séduction à gros sabots. Dans un entretien publié ce jeudi dans Valeurs actuelles, le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy appelle les électeurs déçus par la droite et à « ne pas poursuivre la politique du pire » en votant pour le FN, draguant ostensiblement les électeurs du Front national, qu’il aimerait ramener dans son giron. Le politologue Thomas Guénolé analyse pour 20 Minutes les dessous de cette stratégie de communication.

Même si ce n’est pas une première pour Nicolas Sarkozy, pourquoi faire un appel du pied aujourd’hui aux électeurs du FN ?

C’est simple : le message passe, il est relayé dans les médias mais comme la majorité des journalistes sont en vacances, il s’évite une pelletée d’éditos assassins. Pour lui, c’est le moment idéal. Ce qui est amusant, c’est que lorsque Nicolas Sarkozy est devenu ministre de l’Intérieur, il a rendu illégal le racolage passif. Et là, il fait clairement du racolage actif auprès de l’électorat frontiste !

Sur le fond de son propos, il n’y a rien de surprenant : cela fait plus d’un quart de siècle qu’il veut faire du « FN light » et dit qu’il faut comprendre l’électorat du FN. En 1990, lors des états généraux du RPR et de l’UDF sur l’immigration, Nicolas Sarkozy est ouvertement, avec Alain Madelin (cofondateur dans sa jeunesse du mouvement d’extrême droite Occident), partisan d’une immigration zéro. En 1997, il considère alors que son parti a perdu les législatives à cause des triangulaires et que si la droite avait été plus à droite, la cohabitation Chirac/Jospin aurait pu être évitée. En revanche, il a toujours été intraitable sur la question des alliances avec le Front national, qu’il n’a cessé de refuser.

Depuis 25 ans, pour siphonner les voix du FN, Nicolas Sarkozy incorpore une partie des idées frontistes à son propre message. D’ailleurs, lui et Marine Le Pen ont en commun d’être tous les deux dans une stratégie de braconnage : lui dans l’électorat frontiste et elle dans celui de gauche. Mais c’est un exercice que la présidente du FN réussit bien mieux que lui.

Nicolas Sarkozy se targue d’avoir réussi à rassembler la droite et le centre. Peut-il conserver cette alliance tout en reprenant des idées du FN ?

C’est Alain Juppé qui, dès sa déclaration de candidature pour la primaire à droite, a dit et répété qu’il fallait s’allier au centre dès le premier tour des élections départementales pour l’emporter. Dans le même temps, Nicolas Sarkozy a déclaré en boucle que François Bayrou était un traître pour avoir appelé à voter Hollande en 2012 et que celui qui serait compatible avec le centre ne serait pas vraiment de droite, un tacle direct pour Juppé. Puis l’UMP a remporté les élections et il s’est attribué le mérite de ce succès. Il a fait le coucou, faisant son nid dans le nid d’un autre.

Le raisonnement de Nicolas Sarkozy, c’est qu’il faut reprendre des idées du FN parce que l’électorat de droite attend un positionnement plus dur sur les questions de société, notamment l’immigration et la sécurité. Il pense que s’il se retrouve contre Marine Le Pen au deuxième tour, l’électorat centriste se reportera quand même sur lui.

Dans l’interview, il défend le bilan de son quinquennat comme s’il était en campagne pour 2017, a-t-il ses chances ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Nicolas Sarkozy ne s’est jamais remis de sa défaite en 2012. Il souffre d’une blessure narcissique, comme lors d’une rupture sentimentale. Aujourd’hui, il rejoue sans cesse le match : avec les mêmes thèmes, les mêmes propositions et la même ligne politique.

Il n’a pas su se renouveler et a perdu sa capacité de surprendre. Et il n’a plus sa Dream Team de 2007 : Cécilia, qui le conseillait sur sa communication, n’est plus là. Patrick Buisson, Claude Guéant ou encore Franck Louvrier non plus. Depuis son retour, je suis surpris par le caractère brouillon de ce qu’il fait, là où Alain Juppé, malgré un entourage plus restreint, n’a jamais été aussi précis.

Pourtant Nicolas Sarkozy se voit déjà au deuxième tour en 2017, et il commet là une erreur. Aujourd’hui, aucun sondage sur la primaire à droite n’est fiable et à chaque élection présidentielle, rien ne se passe jamais comme prévu. En 2010, on imaginait déjà pour 2012 un duel Strauss-Kahn/De Villepin… D’ici 2017, des outsiders pourraient prendre du galon dans le cœur des électeurs de la droite.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Zuwala Richard
  • : Prévention et santé.Insertion de personnes en détresse sociale. Intervenant sur les problèmes d'addictologie.(alcool, drogue) Photographe amateur. Membre du bureau départemental et national fédération UDI de la Somme Président de la Croix Rouge locale de Ham (80) J'ai écrit un livre paru en 2005 *Une Vie Autre et Nouvelle* édité par la Société des Écrivains. Président de la Croix Rouge de Ham (Somme) Membre du Conseil d'Administration Alcool Assistance (Somme) Secrétaire adjoint du bureau départemental de la Somme Membre du CCAS de HAM Somme
  • Contact

Recherche

Liens