DISCOURS « Les valeurs de gauche et les valeurs de droite ne sont pas les mêmes », a notamment déclaré l’ancien patron du FMI…
Ça faisait un moment qu’il n’avait pas parlé politique. Dominique Strauss-Kahn, qui faisait partie des quelque 200 personnes réunies mardi soir au Conseil économique social et environnemental (Cese) pour rendre hommage à l’ex-ministre Nicole Bricq, disparue brutalement cet été, a prononcé un discours très remarqué.
Devant une assistance notamment composée de l’ancien président François Hollande et de l’actuel chef de l’Etat Emmanuel Macron, l’ancien patron du FMI a raconté, à travers le parcours de Nicole Bricq, l’histoire d’une génération de socialistes et son évolution idéologique vers le libéralisme.
D’après L’Opinion et RTL, l’ex-ministre de l’Économie aurait profité de cette intervention pour adresser un message à Emmanuel Macron. « Quand on est sûr de ce qu’on pense, on peut faire des compromis avec des adversaires d’hier et peut-être de demain. Nicole Bricq l’a fait par conviction, très loin du cynisme de beaucoup. Parce qu’elle savait que les valeurs de gauche et les valeurs de droite ne sont pas les mêmes », a-t-il glissé.
Un tacle à peine voilé au « ni droite ni gauche » d’Emmanuel Macron, très vite devenu « et de droite et de gauche ».
DSK a également déclaré que le clivage entre la droite et la gauche était « nécessaire à l’équilibre de la société », et « leur opposition dialectique vivra tant que vivra la démocratie ». « Les mêler, ce n’est pas les confondre. Les faire avancer ensemble, c’est savoir garder leur équilibre », a-t-il ajouté.
L’Opinion relate que ce « discours a longuement été applaudi par la salle », un participant déclarant même qu’il se serait cru « presque comme dans un meeting ».
RETOUR A L'ENVOYEUR Le président de la République a regretté que «les gens» s’intéressent aux «péripéties» plutôt qu’à «la vie du pays»…
Le président Macron, roi de la petite phrase qui fait mouche, sait aussi répondre du tac au tac, relate Le Lab ce vendredi.
Au cours d’une séance de questions-réponses aux « 24 heures du bâtiment » au Palais des congrès de Paris, Emmanuel Macron s’est vu interroger plusieurs fois sur sa désormais célèbre sortie.
Lors d’un déplacement à Egletons ce mercredi, au cours d’un aparté avec le président de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, qui évoquait les difficultés à recruter d’une entreprise de fonderie d’Ussel (Corrèze), il avait estimé que « certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas ».
>> A lire aussi : VIDEO. «Bordel»: Pourquoi la sortie d'Emmanuel Macron n'est pas un dérapage
Deux jours plus tard, il a donc indiqué aux journalistes qui le pressaient de s’expliquer sur le sens du fameux « bordel » : « C’est vous qui le mettez ! » Emmanuel Macron a en outre regretté que « les gens », plutôt que de s’intéresser à « la vie du pays », n’aient retenu que des « péripéties » de son déplacement à Egletons.
Il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils peuvent avoir des postes [à la fonderie d'Ussel] »... La sortie d'Emmanuel Macron ne passe toujours pas. Ces mots prononcés en aparté pour les oreilles du président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, lors de la visite présidentielle à Égletons, provoquent toujours un sentiment de colère. Mais ce n'est plus seulement la classe politique ou le délégué syndical CGT de l'entreprise GM&S qui ressentent cette colère. Non, la nouvelle saillie du chef de l'État passe également mal auprès des éditorialistes, pour lesquels un président ne devrait pas employer de tels mots qui fâchent et laissent l'impression d'un « mépris de classe ».
« Une fois le tour méprisant de la formule mis de côté (mais non absous), on peut discuter : formation et reconversion sont des moyens légitimes de lutter contre le chômage. S'il l'avait dit ainsi, point de polémique », écrit Laurent Joffrin, dans Libération, avant d'asséner : « Mais la forme compte. » Nicolas Beytout, dans L'Opinion, comme plusieurs de ses confrères, pense que, sur le fond, Emmanuel Macron a « raison ». Mais, « pourquoi le dire ainsi, avec ces mots-là ? Des mots qui fâchent, créent l'impression d'un mépris de classe », s'interroge-t-il.
« Un président ne devrait pas dire ça. Au nom d'une certaine idée de la cohésion », se désole Stéphane Siret, de Paris-Normandie. « Un président devrait soigner son langage », renchérit Sébastien Lacroix de L'Union/L'Ardennais. « Quand Jupiter est en visite, il est prié de causer comme Jupiter et non comme un charretier », s'exclame Dominique Jung, des Dernières Nouvelles d'Alsace. Pour ce dernier : « Le coup de gueule du chef de l'État brouille son message. » « Pire, il confirme cette image de banquier hors sol, déconnecté du terrain et des réalités sociales », s'inquiète Hubert Coudurier, du Télégramme.
« Cette saillie vient ajouter de l'eau au moulin de ceux qui ironisent sur le Robin des bois à l'envers qui prend... aux pauvres pour donner aux riches », persifle Jean-Marcel Bouguereau, de La République des Pyrénées. Très en colère, Maud Vergnol, dans L' Humanité, s'alarme de voir un président de la République ne plus « contrôler sa morgue » et de la « violence de ses attaques à l'égard des plus fragiles. » « Macron a sans doute oublié qu'il n'était pas accoudé au comptoir du café du commerce. Et qu'on peut aussi foutre le bordel par désespoir », rappelle Florence Chédotal, de La Montagne Centre-France.
« Le vernis craque parfois », remarque Olivier Pirot, dans La Nouvelle République du Centre Ouest, et là, « le ressenti est clairement celui du mépris ». Impression partagée par Éric Marty (Midi libre) pour qui cette saillie « délivre une part de mépris et de lassitude face aux réactions de salariés anxieux à juste titre pour leur avenir ». « À chaque fois, Emmanuel Macron ajoute une pièce à conviction au procès en “mépris social” que lui font la gauche, le FN et la droite », relève Hervé Favre, de la Voix du Nord. Dominique Garraud, de La Charente libre est « sidéré » par « la régularité avec laquelle Emmanuel Macron réussit à saboter ses propres initiatives pour corriger une image de “président des riches” ».
« Le président de la République a donné involontairement le fond de sa pensée. Elle donne prise à l'accusation “gouvernement des riches”. D'où cette impression de déséquilibre et de flou dans les orientations stratégiques. Comme dirait Macron, un peu le bordel, quoi... » ironise Patrice Chabanet, dans Le Journal de la Haute-Marne.
L'aventure des constructifs devrait donc toucher à sa fin. La faute à qui ? À Emmanuel Macron ? « Il n'accepte que des vassaux, pas des partenaires », fustigeait il y a quelques jours un cadre du mouvement présidé par Jean-Christophe Lagarde. « Il n'a fait aucun geste envers nous, zéro. Il s'en fout », abonde Jégo. Bien que renforcé aux élections sénatoriales, le parti centriste refuse de rester un supplétif. Que ce soit des Républicains ou de la douzaine de LR du groupe constructifs au Palais-Bourbon. Lagarde et ses ouailles envisagent alors de prendre le large avec pour seul navire celui de l'UDI, débarrassé des parlementaires LR qui les avaient rejoints.
L'idée d'une formation politique siglée Les Constructifs occupait beaucoup d'esprits, à commencer par celui du lemairiste Franck Riester. Désormais, elle ne plaît presque plus dans les rangs de l'UDI. D'autant que Thierry Solère, l'ancien patron de la primaire de la droite et du centre, l'a remise aux calendes grecques, une décision devant être prise « d'ici la fin de l'année ». « Trop long », dit un Jean-Christophe Lagarde pyrrhonien. « Un nouveau parti ? Avec qui ? Avec quoi ? Il n'y a pas de leader. L'avantage de l'UDI, c'est qu'il y a beaucoup d'élus locaux et c'est une marque. Il faut moderniser le mouvement, pas le fusionner dans quelque chose de plus petit », abonde Yves Jégo, qui ne se fait guère d'illusion : pour lui, « les LR constructifs vont rejoindre En marche ! ».
À commencer par Thierry Solère, dont beaucoup pensent qu'il pourrait sauter le pas d'ici peu, comme l'explique un député, cadre du mouvement : « Si lui et Riester ne rejoignent pas encore LREM, c'est parce que la décomposition de LR n'est pas tout à fait terminée. Une fois que Laurent Wauquiez sera élu, il finira le job, malgré lui. Et après ? Quelle sera la plus-value des LR pro-Macron ? Ils sauteront tôt ou tard dans le bateau de Macron et continueront d'espérer un maroquin pour services rendus à la macronie. »
Dès le début, les relations chez les constructifs se sont tendues entre ceux issus des rangs LR et les autres de l'UDI. L'élection de Thierry Solère à la questure de l'Assemblée nationale – avec l'aide des macronistes et sans avoir prévenu ses collègues de sa démarche – en a fâché plus d'un. « Les LR ont bloqué tous les postes entre eux, alors qu'on est en majorité ! » s'indigne un député UDI. Les divergences de fond, elles, sont apparues tout aussi vite. Lorsqu'il a fallu voter la confiance au gouvernement, les avis se sont brouillés : les uns la votant, les autres non. Depuis la rentrée, les choses ne s'arrangent pas, à en croire l'un des pontes du groupe : « On ne se parle pas. Chacun fait sa cuisine, dans son coin, et il y a un vrai problème d'unité. » Dernier exemple en date ? Le groupe constructifs du Sénat s'est fait au forceps et n'en porte même pas le nom.
Aux yeux de son président, l'UDI a l'occasion de rebondir et d'occuper l'interstice politique entre la ligne Wauquiez et celle du chef de l'État : « Il y a beaucoup de Français qui partagent certaines idées de Macron et sont déçus par d'autres décisions, mais qui, pour autant, ne veulent pas de Wauquiez. C'est cet espace que nous incarnons, celui du centre et de la droite progressiste. » Quant à l'option François Bayrou, il la juge « secondaire ». Même s'il considère que des « accords thématiques » peuvent être signés ici et là avec le Mouvement démocrate, Lagarde balaie du revers de la main celle tendue par le Palois : « François est dépendant de la majorité. Il est l'aneth sur le saumon. »
FAKE OFF La classe politique allemande est désunie sur l’Europe…
« L’Allemagne soutient pleinement les propositions de la France pour la relance du projet européen. Une avancée décisive », se félicite le compte Twitter officiel d’En Marche, dans un tweet publié mercredi. Pour preuve, le compte publie une interview élogieuse de Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, extraite d’un programme diffusé sur Arte.
En Marche fait allusion aux propositions pour l’Union européenne dévoilées par le président de la République le 26 septembre à la Sorbonne. Emmanuel Macron y a notamment proposé la création d’un ministre des finances de la zone euro, d’une « force commune d’intervention » européenne pour 2020 ou encore la création d’une académie européenne du renseignement.>> A lire aussi : Ce qu’il faut retenir de l’intervention d'Emmanuel Macron à la Sorbonne
FAKE OFF
L’Allemagne a-t-elle pleinement soutenu ces propositions, comme l’affirme En Marche ? La réponse est mitigée. Si, dans la vidéo tweetée par le mouvement, Wolfgang Schaüble montre un accueil très favorable, celui-ci est sur la sellette et ne va pas conserver son poste de ministre des Finances dans la nouvelle coalition à Berlin.
Quant à Angela Merkel, deux jours après le discours de Macron à la Sorbonne, elle a estimé qu’il existe un « large consensus entre l’Allemagne et la France » sur l’avenir de l’Europe. « Toutefois, nous devons naturellement encore parler des détails. Mais je suis fermement convaincue que l’Europe ne peut pas en rester là », a ajouté la chancelière.
La réaction tardive d’Angela Merkel s’explique par la situation électorale en Allemagne. Le 24 septembre, deux jours avant le discours d'Emmanuel Macron, la chancelière a remporté une difficile victoire aux législatives. Elle cherche à trouver un accord pour gouverner avec notamment les Libéraux du FDP, opposés aux idées du président français sur la zone euro, tout comme la frange la plus conservatrice du camp Merkel.
Sur le sujet sensible de la réforme du fonctionnement de la zone euro, Berlin s’attend à une discussion « animée » et « intense », a déclaré le porte-parole de la chancellerie, Steffen Seibert le 27 septembre.
Christian Lindner, le chef des Libéraux, a déjà prévenu qu' « un budget de la zone euro - M. Macron parle de plusieurs points de PIB et cela représenterait plus de 60 milliards d’euros pour l’Allemagne - où l’argent atterrirait en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de (Silvio) Berlusconi, serait impensable pour nous et représenterait une ligne rouge. »
Cem Özdemir, le chef des Verts, qui pourraient eux aussi faire partie de la coalition, a lui accueilli favorablement les propositions françaises.
Angela Merkel, affaiblie par le résultat des législatives, devra composer avec ces positions différentes sur le projet européen. Le soutien plein et entier de l’Allemagne n’est donc pas assuré…
POLITIQUE Derrière la petite phrase se cache peut-être la pensée complexe d'Emmanuel Macron...
Ceci n’est pas un dérapage. Emmanuel Macron a créé la polémique lors d’un déplacement mercredi à Egletons, en Corrèze. Le chef de l’Etat a d’abord été chaudement accueilli par un rassemblement de salariés et ex-employés licenciés de GM&S.
Au président de région, qui évoquait les difficultés à recruter d’une entreprise du coin, il glisse : « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n’est pas loin de chez eux. » La petite phrase, saisie par une caméra, a déclenché la colère des intéressés et l’ire de la classe politique. 20 Minutes vous dit pourquoi il ne s’agit pas d’un dérapage.1. Il n’en est pas à sa première sortie« C’est du Macron tout craché, c’est lui, il n’y a pas de doute », s’agace Ugo Bernalicis, député de La France insoumise. « Cette sortie rappelle celle sur les fainéants et les cyniques par exemple. Ça révèle son état d’esprit : les mobilisations, la lutte sociale, ce n’est pas son univers. Quand on l’écoute, on a l’impression que les gens sont des pions. Ça laisse transparaître son mépris de classe, une fois de plus.D’une voix, l’opposition a rappelé que ces petites phrases étaient la « marque de fabrique » (revendiquée) du chef de l’Etat. En voici quelques-unes brodées sur le même thème :« Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. »
Le président « assume sur le fond », mais il « ne savait pas qu’il était filmé et, par conséquent, son registre de langage relevait du privé », a indiqué à l’AFP son porte-parole Bruno Roger-Petit. Lorsqu’il lâche la phrase, Emmanuel Macron ne peut pas ignorer qu’il est, comme toujours lors d’un déplacement officiel, suivi par une caméra, une perche à micro et un photographe. Rien d’incontrôlé, donc.
« Le président a un langage direct. Il est dans un échange avec Alain Rousset [le président de la région Nouvelle-Aquitaine], c’est capté par une perche. Mais les gens savent qu’il a ce caractère-là. Quand il faut dire les choses, il les dit », confirme Arnaud Leroy, membre de la direction collégiale LREM.
Pas de problème avec le fond. Derrière ces petites phrases, Emmanuel Macron laisserait donc transparaître son projet philosophico-économique de start-up nation ? Après avoir essuyé un refus d’un premier économiste, [« Je trouve le sujet intéressant mais trop politique et polémique. »], on a demandé à Eric Heyer de l’OFCE, think tank classé plutôt à gauche.
« Dans la logique de pensée d’Emmanuel Macron, la destruction créatrice, il y a cette idée que les fermetures d’usines ne sont pas si graves, car un nouveau monde émerge, et il faut lever toutes les barrières. Plutôt que de "foutre le bordel", les travailleurs doivent s’y préparer, et l’Etat a un rôle à jouer pour leur permettre de s’adapter aux métiers d’avenir. »
L’économiste poursuit : « Mais il y a aussi l’idée, déjà évoquée par François Fillon ou même Lionel Jospin, que l’Etat ne peut pas tout, est inefficace, en faillite. Dans ce cas de figure discutable selon moi, c’est à l’individu de se prendre en charge. Chacun est responsable de sa situation, la réussite ou l’échec. De manière caricaturale, les chômeurs sont des fainéants car tout le monde peut devenir millionnaire. »
Arnaud Leroy, dans un langage plus macroniste : « On est pour l’émancipation de l’individu, mais ce n’est pas la loi de la jungle. C’est donner les moyens à tous pour que chacun devienne acteur de la transformation du pays, à son échelle. Tout ne viendra pas de l’Etat, tout ne viendra pas d’Emmanuel Macron. » Pour faire le bilan, faisons appel à un confrère, Victor Hugo : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. »
POLITIQUE Le président du parti centriste estime que sa formation est « désormais libre de toute alliance »…
Le parti centriste de l’UDI, sorti renforcé des élections sénatoriales qui lui ont permis d’étoffer son groupe parlementaire, ne se considère plus lié par aucune alliance aux Républicains, déclare son président Jean-Christophe Lagarde dans un entretien au Journal du Dimanche.
« La recomposition politique en cours nous rend désormais libres de toute entrave et de toute alliance. Libres de toutes nos positions, que ce soit vis-à-vis du gouvernement ou de toute formation politique », assure le député de Seine-Saint-Denis.
Alors que l’UDI avait participé à la primaire présidentielle de la droite, avant de prendre ses distances avec le vainqueur François Fillon (LR) après l’affaire d’emplois fictifs présumés impliquant des membres de sa famille, Jean-Christophe Lagarde estime que l’alliance avec LR « n’est plus une obligation ».
« Nous sommes désormais libres de toute alliance. Ce que je veux construire à partir de l’UDI, c’est une force politique qui ne sera plus jamais supplétive des Républicains. Cette page avec LR est tournée. Mais je refuse tout autant d’être un laudateur zélé du pouvoir ! », précise-t-il.
« À partir de l’UDI, je souhaite que nous construisions une force politique nouvelle, rassemblant le centre et la droite progressiste. D’ici aux européennes, nous avons deux ans pour gagner une autonomie complète et rassembler ceux qui ne partagent pas la dérive d’une droite se recroquevillant sur sa fraction la plus nationaliste, conservatrice, et frileuse », a ajouté Jean-Christophe Lagarde, qui avait participé début septembre au séminaire des 35 députés « Constructifs », rassemblant notamment une douzaine de députés venus de LR et une vingtaine d’élus UDI.
Thierry Solère, un député Constructif issu de LR, avait indiqué pour sa part vendredi qu’une décision serait prise « d’ici la fin de l’année » sur la création d’un nouveau parti, n’excluant pas cependant que les élus du groupe choisissent de « rejoindre En Marche », le parti présidentiel.
« Jamais je ne renoncerai à la liberté de dire quand nous ne sommes pas d’accord » avec l’action gouvernementale, souligne de son côté Jean-Christophe Lagarde dans le JDD, en formulant trois critiques sur les projets économiques d’Edouard Philippe : la hausse de la CSG, la baisse des APL, et « le fait qu’un appartement soit taxé et pas un lingot d’or » dans le cadre de la réforme de l’ISF proposée.
Les sénatoriales ont marqué une victoire des Républicains et de l’UDI, et un coup d’arrêt pour la République en marche. La recomposition politique est-elle terminée ?
Les sénatoriales ont été un très beau succès pour l’UDI. Nous tournons ainsi la page d’une « annus horribilis », subie parce que nous n’avons pas eu la force collective de présenter un candidat à la présidentielle. Et nous avons été contraints de soutenir un candidat et un programme que nous n’avions pas choisis et qui nous a embarqué dans une affaire qui ne nous concernait en rien. Nous en tirons les leçons. La recomposition politique en cours nous rend désormais libres de toute entrave et de toute alliance. Libres de toutes nos positions, que ce soit vis-à-vis du gouvernement ou de toute formation politique.
L’alliance traditionnelle avec les Républicains est-elle caduque ?
Elle n’est plus une obligation. A partir de l’UDI, je souhaite que nous construisions une force politique nouvelle, rassemblant le centre et la droite progressiste. D’ici aux européennes, nous avons deux ans pour gagner une autonomie complète et rassembler ceux qui ne partagent pas la dérive d’une droite se recroquevillant sur sa fraction la plus nationaliste, conservatrice, et frileuse. Bref, la droite qui a refusé de voter Macron contre Le Pen, n’est pas la nôtre.
Cette grande formation progressiste, beaucoup en parlent, mais on ne voit toujours rien venir…
J’espère que les gens issus des Républicains qui ne partagent pas cette dérive droitière sauront créer leur force politique. Je suis prêt à la fédérer avec la nôtre. S’ils ne le font pas, il nous reviendra d’incarner ces français du centre et de la droite progressiste. Car dans cet espace politique, l’UDI est la seule force politique organisée, présente au Parlement et dans chaque territoire. Je crois que les différents courants politiques doivent devenir cohérents. L’UMP, est morte à force de vouloir tout enfermer dans le même parti –de la droite extrême jusqu’à ce qu’ils prétendaient être le centre . En vérité, ils ne sont plus d’accord sur rien. S’ils en ont le courage, je suis prêt à travailler avec des gens comme Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, ou Christian Estrosi pour construire une force politique cohérente et constructive. Mais il y a désormais une frontière entre nous et ceux qui ont refusé de voter Macron contre Le Pen !
Que représente M. WAUQUIEZ pour vous ?
La ligne Buisson, celle de tous les excès, de tous les échecs.
Excluez-vous de travailler demain avec Laurent Wauquiez ?
Je vous l’ai dit : nous sommes désormais libres de toute alliance. Ce que je veux construire à partir de l’UDI, c’est une force politique qui ne sera plus jamais supplétive des Républicains. Cette page avec LR est tournée. Mais je refuse tout autant d’être le laudateur zélé du pouvoir !
Emmanuel Macron pourrait avoir besoin de l’UDI pour sa réforme constitutionnelle. Que lui dites-vous ?
Des débuts de Macron, il y a du bon et du moins bon. Je voterai la réforme du travail. Le ministre de l’Education est un homme exceptionnel, dont je soutiens le projet. Je partage quasi à 100% ce que dit M. Macron sur l’Europe. Depuis une génération, c’est le discours le plus volontariste d’un Chef d’Etat français sur la construction européenne. Mais si M. Macron a raison dans ce qu’il dit, il est hélas minoritaire dans notre pays sur l’Europe. Et je dis au Président, vous avez besoin d’alliés pour convaincre les Français. Nous sommes prêts à travailler avec lui sur l’Europe, le droit du travail, l’éducation ou sur les réformes institutionnelles pour moderniser la France. Mais jamais je ne renoncerai à la liberté de dire quand nous ne sommes pas d’accord.
Que pensez-vous des choix budgétaires du gouvernement ?
J’ai des désaccords mais c’est le budget le plus sérieux que j’ai vu depuis 15 ans. Pour autant, je combats la hausse de la CSG qui est aussi injuste socialement qu’économiquement inefficace . De même, j’alerte sur le logement. La baisse des APL avec une baisse forcée des loyers pour les HLM est une erreur grave. Pour économiser 1,3 milliard d’euros, on aboutira à l’arrêt de la construction, de la rénovation urbaine et des programmes d’entretien, comme le changement d’un ascenseur par exemple. Je dis à Edouard Philippe : alerte rouge ! Je lui dis chaque euro de loyer en moins pour le locataire doit être aussi un euro de charge en moins aussi pour son organisme HLM. Enfin, sur l’ISF, si je partage l’idée de favoriser l’investissement dans les entreprises, et donc l’emploi, le fait qu’un appartement soit taxé et pas un lingot d’or me choque. Ce budget a besoin de plus d’équité, nous la proposerons.