POLITIQUE Manuel Valls vient de déclarer sa candidature aux élections législatives sous la bannière du mouvement de son ancien ministre…
- Manuel Valls veut se présenter comme candidat aux élections législatives du 11 et 18 juin pour le mouvement La République en marche
- Quand il était Premier ministre, Manuel Valls n’a pas épargné Emmanuel Macron, qui était l’un de ses rivaux
- Le mouvement La République en marche n’a pas encore accepté la candidature de Manuel Valls
Manuel Valls sera-t-il député du mouvement de son ancien ministre ? Il s’est en tout cas déclaré candidat pour les élections législatives dans sa région de l’Essonne avec le mouvement La République en marche. Une nouvelle étape dans la relation orageuse qui lie ces deux bêtes politiques, concurrentes mais pas si différentes.
« Ils se détestent ! », résume Rémi Lefebvre, chercheur au CNRS et spécialiste du Parti socialiste. « Idéologiquement, ils sont proches sur les questions économiques, mais pas du tout sur les questions culturelles », raconte-t-il. D’un côté Valls le conservateur, héritier d’un socialisme autoritaire inspiré de son modèle Georges Clemenceau. De l’autre, Macron se pose en candidat d’une ouverture à l’anglo-saxonne. « Ils ont des visions divergentes sur les affaires régaliennes : les réfugiés, la sécurité ou l’immigration », rappelle Eddy Fougier, politologue et chercheur associé à l’IRIS. « On perçoit qu’ils sont dans une logique de concurrence. Ce qu’est en train de réaliser Macron c’est ce que voulait Manuel Valls », remarque-t-il.
Humilié à plusieurs reprises
Pourtant, au départ, tout les rassemblait : les deux hommes forts du socialisme sont jeunes, ambitieux, et rêvaient tous les deux de la fonction suprême. Dans la course politique, Valls prend l’avantage en devenant Premier ministre et n’hésite pas à sermonner publiquement son jeune ministre de l’Economie. « Valls l’a humilié à de nombreuses reprises », confirme Rémi Lefebvre. Comme cette fois où Emmanuel Macron se fait recadrer de manière virulente en plein milieu de l’Assemblée, du jamais vu.
Autre passage en force : après des jours et des nuits passés à négocier sa « loi Macron » avec la droite et la gauche, celui qui est alors ministre de l’Économie est persuadé d’avoir une majorité pour la faire voter à l’Assemblée. C’est sans compter sur les méthodes expéditives de Manuel Valls qui l’impose à coups de 49.3, ôtant par la même occasion, l’image de rassembleur à son rival.
Un traître « qui a flingué Hollande »
Cette tension explique sans doute la froideur d’Emmanuel Macron face aux appels du pied de son rival, qui fait campagne pour lui depuis la fin de la primaire de la gauche. Dans le documentaire Emmanuel Macron, Les coulisses d’une victoire, le candidat d’En marche ! a des mots durs pour son ancien Premier ministre. « Si y’a un traître, si y’a quelqu’un qui a flingué Hollande, c’est Valls », l’entend-on déclarer.
Son équipe de campagne a déjà réagi à sa candidature à Evry dans l’Essonne sous la bannière de La République en marche. « Je ne crois pas qu’il ait déposé sa candidature », a déclaré le porte-parole du mouvement Benjamin Griveaux. Une manière de dire qu’ancien ministre ou pas, il doit suivre la même procédure que les autres. « Le risque pour Macron est double », commente Rémi Lefebvre. « S’il accepte l’investiture de Valls, il fait rentrer le loup dans la bergerie, un rival potentiel dans les années qui viennent. En même temps, il a là l’occasion de le tuer politiquement mais cela enverrait des signes négatifs à l’égard de l’ouverture qu’il prône. »
L’avenir politique de Manuel Valls est en train de se jouer, et il est encore une fois lié à celui d’Emmanuel Macron. Les deux hommes n’ont pas fini de s’affronter sur le terrain politique.