Hollande sur Périscope

«Je ne crois pas aux explications de Gaspard Gantzer»

INTERVIEW Arnaud Mercier revient sur le «bad buzz» provoqué par le live Periscope de l'Elysée, ce mardi matin...

Face à la charge de Martine Aubry, François Hollande est aux abonnés absents. - Ernesto Arias/SIPA

« Ca va mon flambie », « wsh Hollande », « Hollande paie ton grec »… Ce mardi matin, c’est à une vraie expérience sociale et technologique que s’est livré l’Elysée sur Twitter : un live Periscope. Ouvert à tous les abonnés du réseau social, il a évidemment donné lieu à un florilège d’insultes, de commentaires hors sujet, pour quelques messages anodins et une poignée de tweets politiques. Un épisode qui nous inspire une question simple : mais qu’est-ce que le Président Hollande est allé faire sur Periscope ? On a posé la question à Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’université Panthéon-Assas.

Pourquoi l’Elysée s’essaie-t-il aux nouveaux outils, et notamment Periscope ?

La stratégie de communication de l’exécutif vise à renouveler le genre. Ils veulent bousculer l’ordre établi, incarner la modernité et la proximité avec le peuple français, pour toucher un public plus jeune notamment. Alors ils essaient des choses, ils expérimentent. C’était le cas lorsqu’ils ont parodié la série «Game of Thrones», déjà. Ça n’empêche pas d’avoir recours parallèlement à une communication plus classique et plus rodée, mais les communicants de l’Elysée veulent dépasser la figure hiératique du président de la République. C’est le versant numérique du Président normal, en quelque sorte.

Sur les réseaux, l’exécutif en est tout de même à deux échecs en une semaine, avec le compte Twitter de la Loi Travail…

Parfois, ça fonctionne, parfois, non. Pour l’Elysée ou le gouvernement comme pour une entreprise, quand on expérimente un dispositif, on relève ses erreurs, on en tire des conséquences et on corrige le tir. On a droit à l’erreur. Pour autant, je ne crois pas aux explications de Gaspard Gantzer [chef du pôle communication de l’Elysée], qui dit assumer tous les commentaires qui ont fleuri sur Periscope. Si le bilan global de l’expérience est négatif et qu’il faut abandonner l’outil, il le fera.

Quel impact a-t-il eu sur la communication de l’Elysée depuis son arrivée en avril 2014 ?

Dès son arrivée auprès de François Hollande, il a cherché à restructurer la communication de l’exécutif pour éviter les couacs, à anticiper les mouvements d’humeur des Français en assurant une veille efficace sur les réseaux sociaux et, encore une fois, à renouveler la communication présidentielle. C’est lui l’artisan de ce changement. Il a tout simplement cherché à s’adapter à l’ère moderne. Il a compris que le pire, ce serait d’utiliser les réseaux sociaux et les nouveaux outils sur un registre institutionnel. Il préfère s’insérer dans le trafic, au risque de subir, parfois, des retours de boomerang.