Marine Le Pen en meeting à Saint-Raphaël (Var), le 15 mars 2017.
Marine Le Pen en meeting à Saint-Raphaël (Var), le 15 mars 2017. - BORIS HORVAT / AFP
 

Devant le palais des congrès de Saint-Raphaël, la longue file d’attente s’étend tout près de la mer. A quelques mètres de la mairie de Fréjus, une des seules mairies frontistes de France, les militants patientent, entre deux distributions de tee-shirts de soutien à  Marine Le Pen, venue ce soir donner un meeting dans la commune varoise.

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Dans la foule, nombre d’entre eux sont des frontistes de la première heure. « Depuis toujours et avant » lance même l’un d’eux dans un sourire. A l’époque, le parti était sous l’égide de Jean-Marie Le Pen, par ailleurs conseiller régional de Paca, connu pour son discours sans concessions, et ses petites phrases controversées.

« Elle n’est pas light, c’est adapté »

Aujourd’hui, ils le reconnaissent majoritairement : le Front national a changé. « A l’époque, les gens ne savaient même pas où était notre siège local », confie Marie-Françoise, 73 ans, habitante de Fréjus. La normalisation est passée par là, et les dérapages ne sont pas les bienvenus. L’actualité et ses surprises l’ont encore rappelé à quelques heures seulement de ce meeting. Le Front national a en effet annoncé que son responsable à Nice, Benoît Loeuillet, un ex-dirigeant identitaire, était suspendu du parti en vue de son exclusion pour des propos négationnistes tenus dans un documentaire diffusé mercredi soir sur C8.

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Depuis plusieurs années, le discours de la candidate se veut lui aussi normalisé. Au risque d’être un peu trop light pour les soutiens de la première heure ? « Ce n’est pas light, c’est adapté », affirme Marie-Françoise, militante depuis des années. « Elle ne change rien d’elle-même, mais elle adapte pour toutes les couches sociales ». « Marine a permis à d’autres personnes de s’exprimer », constate Laurence, militante depuis 1982. « Elle rassemble beaucoup plus de monde, cette version un peu plus light a attiré les indécis », affirme Gérard, 68 ans. Mais Virginie, une quadragénaire adhérente depuis 2010 et conseillère municipale à La-Valette-du-Var depuis 2014, en est convaincue : « Les fondamentaux ne changent pas, elle a juste rendu le discours plus clair ».

Il n’empêche, ce changement de discours en déboussole certains, à l’image de Marie-Odile. « Mes idées étaient plus proches de Jean-Marie Le Pen que d’elle », confesse cette Fréjusienne de 57 ans. « Avec son père, elle a été assez méchante. J’aime bien Marion Maréchal-Le Pen. Ça aurait été la nièce, mon vote aurait été décidé. Alors que la tante, j’attends de voir… » « C’est vrai que Marine est plus politiquement correct, concède son ami Roger. Mais moi, Marine, Marion, je m’en fiche, je suis patriote et je voterais FN. Ce que fait Marine, c’est une tactique politique pour ratisser plus large. et elle a eu raison de le faire ».

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L’ouverture a en effet visiblement porté ses fruits. Echaudé auparavant par le discours « bourrin » de Jean-Marie Le Pen, Ludovic a décidé cette fois de soutenir pleinement Marine Le Pen. Avec sa famille, ce demandeur d’emploi de 45 ans, venu exprès de Mandelieu-la-Napoule, assiste là à son premier meeting. « Quand j’écoute Marine, j’ai l’impression de m’entendre parler », explique-t-il avant de déplorer « ces Syriens que l'on forme » alors que lui est au chômage depuis quatre mois. A ses côtés, sa maman Chantal se retourne. Puis lance : « On était fidèles à Jean-Marie Le Pen depuis le début, donc on continue avec Marine, parce qu’on veut que ça change ».