Nutrition

RECHERCHE Une équipe de Lyon a mis en évidence l’influence des lactobacilles dans l’intestin afin de favoriser la croissance…

Représentation des jeunes larves de drosophiles en sous-nutrition chronique. - François Leulier

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Si notre intestin est une sorte de bouillon de culture où s’ébrouent des milliers de bactéries, toutes ne sont pas délétères pour notre organisme. Bien au contraire. Une équipe de chercheurs de l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon vient de mettre en évidence le rôle crucial que pourrait jouer l’une d’entre elle dans notre flore intestinale. En expérimentant le modèle de la drosophile, ils ont décrit l’importance des bactéries commensales, notamment des lactobacilles, pour assimiler les nutriments. Et ce, malgré un état de sous-nutrition.

Dans les pays où les enfants sont malnutris, leur croissance est logiquement altérée par l’absence de protéines. « Le lien entre apport protéique et croissance est connu. Mais la question, c’est de savoir quel est le rôle de ces bactéries dans le processus de croissance », note François Leulier, l’un des auteurs de l’étude.

« Tamponner » l’absence de nutriments

Pour avoir sa réponse, il a donc placé des insectes en sous-nutrition chronique, avec un régime appauvri en protéines. Un retard de croissance est logiquement observé. « Mais si on retire les bactéries, le retard de croissance est plus important. L’altération est moindre avec les bactéries. » Preuve que celles-ci peuvent « tamponner » l’absence de nutriments.

Les chercheurs ont aussi montré que certaines bactéries pathogènes de l’intestin altèrent le processus de digestion, aggravant ainsi le phénomène de sous-nutrition. Chez les enfants malnutris, la flore intestinale est donc totalement dénaturée, à la fois enrichie en bactéries pathogènes et appauvrie en lactobacilles.

Des compléments alimentaires à bases de bactéries ?

Pour les chercheurs, il est donc important de restimuler cette production de lactobacilles pour favoriser le processus de croissance. A terme, ils prévoient également des études visant à tester de nouveaux types de traitements à base de souches de lactobacilles pour lutter contre cette sous-nutrition infantile. Peut-être à travers des compléments alimentaires.

En attendant, offrir directement une aide alimentaire riche en protéines aux enfants ne suffit pas : « Il faut évidemment les nourrir, mais aussi revoir leur communauté bactérienne », étaye François Leulier. Si on leur redonne des protéines, les enfants reprennent du poids, certes, mais leur croissance n’est pas forcément réenclenchée. Pour cela, il faut donc que leur communauté bactérienne soit équilibrée.