Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, lors d'un débat sur la santé organisé par la Mutualité française à Paris le 21 février 2017
Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, lors d'un débat sur la santé organisé par la Mutualité française à Paris le 21 février 2017 - CHAMUSSY/SIPA
 

De notre envoyée spéciale à Nice (Alpes-Maritimes),

Direction Nice ce vendredi pour Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout La France à la présidentielle. Pas le temps de prendre le soleil sur la promenade des Anglais pour ce déplacement portant sur le terrorisme et les frontières. À trois petites semaines du 23 avril, le candidat à la présidentielle vise à incarner une voie médiane à droite entre les candidats François Fillon (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national).

Ayant totalisé 1,79 % des voix à la présidentielle de 2012, actuellement crédité autour de 5 % des intentions de vote, Nicolas Dupont-Aignan croit à son moment. « Jusqu’à maintenant, le choix qui restait [hors système], était un choix imparfait : le Front de gauche avec les excès de Mélenchon, le FN avec les excès de Marine Le Pen. En 2012, j’étais un bébé qui balbutiait. Aujourd’hui, j’incarne une offre de rupture crédible, sérieuse et honnête », affirme le député-maire de Yerres.

« Je plains les gaullistes qui restent encore chez Fillon »

Pour arriver « à battre Macron au second tour de la présidentielle », le candidat appuie sur la campagne plombée par  les affaires de François Fillon. « Je suis honnête, exigeant », se gausse-t-il. A chaque étape de son marathon sur la promenade des Anglais, dans une librairie ou lors d’une réunion publique au Forum Jorge François, Nicolas Dupont-Aignan évoque les affaires : « François Fillon, c’est la souffrance permanente, la punition. On ne peut pas diriger un pays en disant : "souffrez. Mais pas moi" ».

« Gérard Larcher [membre de l’équipe de campagne de François Fillon] estime que je prends des voix à Fillon. Mais Gérard Larcher, François Fillon n’a pas besoin de moi pour perdre des voix ! », lance Nicolas Dupont-Aignan qui invite les électeurs Les Républicains à le rejoindre : « On a bien compris que Fillon, c’est fini. Je plains les gaullistes qui restent encore chez Fillon. Je leur dis : "votez pour moi" ».

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Pour illustrer son propos, Nicolas Dupont-Aignan met en avant Victor Bérenguel. Secrétaire départemental RPR puis UMP puis LR de 1983 à 2015, ex-conseiller général des Hautes-Alpes, l’homme est depuis lors passé à Debout la France. « Je ne trouvais plus la fibre gaulliste chez les Républicains. On n’y parlait plus de la grandeur et de l’indépendance de la France. Cela n’existait plus. Nicolas Dupont-Aignan, lui, a du courage », dit celui qui se dit proche de Séguin et Pasqua au début des années 1980.

« Il n’y a pas d’excès dans mon programme »

Parmi les participants au meeting qui réunit environ 250 personnes, tous ne sont pas des convaincus. « Nicolas Dupont-Aignan est une personnalité forte, mais mon choix n’est pas arrêté », dit Rémi, 27 ans. Ce Niçois explique son indécision : « J’ai voté Bayrou en 2007 mais il n’existe plus aujourd’hui. Et je ne voterai jamais Macron ». Charles, lui, vote   Front national ou Les Républicains suivant les élections. Ce trentenaire habitant Nice se dit intéressé par Nicolas Dupont-Aignan car « il est la frontière entre les deux [Marine Le Pen et François Fillon] ». « Nicolas Dupont-Aignan est moins europhile que François Fillon et plus nuancé que Marine Le Pen », analyse-t-il. Son choix se portera peut-être sur Nicolas Dupont-Aignan. Mais reste la question du « vote utile » à laquelle il est sensible. « Est-ce que je vais finalement voter pour lui ? Et le vote utile, c’est qui aujourd’hui ? »

Ce vote utile, serait-ce Marine Le Pen, qui vise comme Nicolas Dupont-Aignan « les patriotes » ? Hérésie, estime Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat ne ménage pas sa concurrente, l’attaquant sur son entourage plus que son programme : « Chez nous, il n’y a pas de PME politico-familiale, d’arrière-boutique ou d’affaires ». Pour séduire les indécis, le candidat se pose comme une alternative « crédible » : « Il n’y a pas d’excès dans mon programme : mon patriotisme est réfléchi, modéré », dit-il, se voulant rassurant.

Reste la sentence du 23 avril avec le résultat des urnes. Il faudrait tripler, voire quadrupler les intentions de vote actuelles pour espérer dépasser les candidats des droites. Sur scène, Nicolas Dupont-Aignan chauffe donc ses troupes. « Chacun de vous, vous pouvez convaincre cent personnes d’ici 23 avril. Vous pouvez vous secouer un peu pour convaincre quatre personnes par jour, et voilà on a gagné au second tour ». Rires de la salle. « Et vous rigolez ? Mais est ce que vous voulez continuer avec Le Pen-Fillon-Macron ? Non ! Alors réveillez-vous ».

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