Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI, le 11 janvier 2017 à Paris
Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI, le 11 janvier 2017 à Paris - Witt/SIPA
 

« Ça s’en va et ça revient,c’est fait de tout petits riens… ». Alors que l’ Union des démocrates et indépendants (UDI) avait retiré la semaine dernière son soutien à François Fillon, la formation centriste a approuvé mardi soir lors d’un bureau exécutif l’accord électoral avec Les Républicains sur les investitures aux législatives.

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Elle reste en retrait de la campagne du candidat dans l’attente d’« initiatives » de la part de François Fillon qui a souhaité, mardi soir en meeting à Orléans, tendre la main aux « partenaires centristes ». L’accord UDI-LR réserve 96 circonscriptions législatives aux centristes et prévoit 42 primaires entre des candidats LR et UDI, selon le document de l’accord reçu par l’AFP mercredi après-midi. Cet accord électoral fait espérer le maintien d’un groupe centriste à l’Assemblée nationale en cas de victoire de la droite.

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Résignation

A l’UDI, les réactions sont contrastées, à l’image de la formation regroupant des forces antagonistes. Les partisans centristes de François Fillon se félicitent, tandis que les voix les plus critiques, qui comptaient dans leurs rangs Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, se résignent. Dans le premier camp figure Philippe Vigier, le patron des centristes à l’Assemblée nationale. Ce dernier explique qu’« attendre encore » pour soutenir François Fillon « n’apportera rien » aux centristes et qu’il est « totalement inutile de faire durer le suspense ». Quant à Hervé Morin, le président de la région Normandie explique à 20 Minutes que « les signes de bonne volonté de François Fillon à l’égard de l’UDI, je les ai déjà eus au cours de nos discussions ». L’ancien ministre de la Défense, « candidat à rien », ironise enfin à propos du « rétropédalage » et « l’opportunisme politique » des partisans, au sein de l’UDI, de la candidature d’Alain Juppé aujourd’hui enterrée.

Rupture entre les élus et une base militante centriste

L’heure est à la résignation après la déception chez les centristes pro-Alain Juppé. « On a pris acte de l’acharnement du candidat François Fillon », note la sénatrice Chantal Jouanno, porte-parole de l’UDI. Mais nécessité fait loi pour la survie du groupe UDI à l’Assemblée : « un parti fort est un parti qui est représenté au Parlement », rappelle l’ancienne ministre. Et c’est pourquoi « le vrai débat lors du bureau exécutif [mardi soir] était de savoir si l’on réaffirmait tout de suite ou non l’appui à François Fillon », relate la vice-présidente de la région Ile-de-France qui attend encore des signes de bonne volonté de la part de François Fillon. « La balle est dans leur camp », tranche Chantal Jouanno.

Pour certains centristes de l’UDI, les fluctuations du parti lors de ces derniers jours offrent une image « pathétique ». « Les élus nationaux sont pour François Fillon. Il y a en jeu des places à l’Assemblée nationale et la présidence d’un groupe », déplore un membre du bureau politique de l’UDI. ​« Mais parmi les élus locaux et les militants qui ont adhéré à l’UDI pour ses valeurs, cette position est très mal vécue. »

Tentation Macron

La fuite de militants, commencée après la publication d’une tribune fin novembre de jeunes centristes, serait relancée après le bras de fer gagné par François Fillon au sein des Républicains. « Chez les jeunes, beaucoup partent ou veulent partir chez Emmanuel Macron car ils se retrouvent sur ses valeurs humanistes, sociales, pro-européenne et écolo-compatible. Pas sur celles de François Fillon, allié à Sens commun [issu de la Manif pour tous] », explique encore ce centriste déçu.

Un propos que minimise Hervé Morin mais que dit entendre l’ancienne ministre Chantal Jouanno. « La position est très difficile à défendre vis-à-vis de nos militants et des élus locaux. On les appelle à la responsabilité. S’ils ont choisi l’UDI, c’est qu’ils veulent l’alternance », explique la sénatrice, qui évoque encore « une adhésion par défaut » au candidat Fillon. Loin du « grand amour » chanté par Cloclo, pour qui « ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits riens, ça se chante et ça se danse et ça revient, ça se retient comme une chanson populaire… »