2017: Hollande donné battu, face-à-face droite-FN en vue au second tour
Le président François Hollande à Chartres, le 21 avril 2016
Dominique CHABROL et le service politique de l'AFP, publié le 23 avril
Présidentielle: François Hollande, donné sondage après sondage battu dès le premier tour, laisse présager une finale droite-Front national
A un an de la présidentielle, l'impopularité de François Hollande, donné sondage après sondage battu dès le premier tour, laisse présager une finale droite-Front national, mais la campagne, pas encore lancée, peut bien sûr changer la donne.
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Politique
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Le scrutin de 2017 réserve déjà son lot de nouveautés et d'inconnues. Pour la première fois sous la Ve République, le président sortant est en passe d'être éliminé dès le 23 avril, date très probable du 1er tour de l'élection.
Faute de leader incontesté, la droite se prépare de son côté à une primaire très disputée pour désigner son candidat. Un ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, et deux ex-Premiers ministres, François Fillon et Alain Juppé, devront passer ce barrage s'ils veulent concourir pour l'Elysée.
Quatorze ans après la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle, Marine Le Pen semble, actuellement, quasi assurée de rééditer la performance de son père, pour un "nouveau 21 avril" désormais banalisé.
- Hollande candidat ? - Première inconnue, François Hollande briguera-t-il un second mandat ? Le chef de l'Etat fera connaître sa décision "à la fin de l'année", plus tôt que ses prédécesseurs qui ne s'étaient découverts qu'en février.
Avec autour de 15% de bonnes opinions, il a vu la confiance des Français s'effondrer ces trois derniers mois, en raison notamment de l'absence de résultats tangibles contre le chômage.
François Hollande sait qu'il aura besoin de temps pour tenter de reconquérir une partie de l'opinion, notamment de ses anciens électeurs de 2012, qui aujourd'hui lui tournent le dos.
Fin novembre, le candidat de la droite aura tout juste été désigné. Mais ce sont essentiellement les résultats sur le front de l'emploi qui pèseront dans sa décision, fait valoir l'Elysée. Pour l'heure, le chef de l'Etat se veut confiant et entend marteler le message délivré lors de sa dernière intervention télévisée : "Ca va mieux, pas forcément pour tout le monde, mais ça va mieux pour la France".
- La gauche déboussolée - Après quatre années aux affaires, la gauche aborde l'élection très affaiblie. Scindée en deux, entre une gauche de gouvernement - Manuel Valls, le remuant Emmanuel Macron... - de plus en plus coupée de ses bases électorales et une aile protestataire tentée par la surenchère.
Le Parti socialiste est à la dérive et ses partenaires écologistes et communistes se détournent de lui. L'idée même d'une primaire -avec ou sans François Hollande- semble avoir du plomb dans l'aile, tant le chef de l'Etat et le PS servent désormais de repoussoir pour leurs anciens alliés.
Une aubaine pour Jean-Luc Mélenchon, qui talonne le chef de l'Etat dans les sondages et peut rêver de rassembler la gauche radicale.
"Il ne semble pas y avoir de véritable désir de gauche au sein de la société. Quelles que soient ses composantes, elle ne parvient pas à incarner une alternative ou un projet pour les Français", tempère Yves-Marie Cann, de l'institut Elabe.
Rien en tout cas qui incarne le renouvellement qu'attendent les Français.
- Primaire sous tension à droite - A droite, on espère que l'heure de l'alternance va sonner. Mais nombre d'incertitudes pèsent sur la primaire de novembre, avec 11 candidats déjà déclarés. Et d'abord, primaire de la droite ou de la droite et du centre ? L'UDI a décidé de ne pas y participer faute, pour l'heure, d'accord avec Les Républicains.
Pour l'instant, Alain Juppé se détache dans les sondages. Mais François Fillon voit sa cote remonter. Et Bruno Le Maire, auto-proclamé "homme du renouveau", progresse.
Nicolas Sarkozy, en perte de vitesse, ne devrait quant à lui entrer officiellement dans la course que vers la fin de l'été et réserve ses flèches à François Hollande, qui a "trahi" les Français.
"D'un match à deux Sarkozy-Juppé, on est peut-être passé à un match avec trois candidats" - Sarkozy, Fillon, Le Maire - "crédités d'un potentiel équivalent, face à Alain Juppé", relève Frédéric Dabi (Ifop). Et la bataille de novembre risque de laisser des traces.
Autre incertitude, si Alain Juppé ne remporte pas la primaire, François Bayrou, le président du MoDem, entend bien se présenter.
- Le FN la joue discret - Le Front national, lui, se fait discret. Pour se "présidentialiser" et améliorer son image après une violente campagne des régionales, Marine Le Pen prend de la "hauteur" et déserte quasiment les plateaux télé depuis le début de l'année.
C'est que la présidente du FN, jugée clivante et agressive, doit si elle veut gagner en 2017 rassurer les Français, notamment les plus de 65 ans, gros point faible dans son électorat.
En tête dans la plupart des sondages au 1er tour, avec autour de 28% d'intentions de vote (du jamais vu), elle est en revanche systématiquement donnée battue au second.
En attendant, ses lieutenants sont à pied d'oeuvre. Au menu, tournée des régions, formation des élus et des cadres, pré-investitures des candidats aux législatives... Marine Le Pen ne devrait lancer sa campagne que début 2017, mais le FN tiendra huit conventions thématiques entre septembre et décembre, pour occuper le terrain.