«Baudruche», «coup de bluff» ou «dinosaure»: Les politiques réagissent au retour de Bernard Tapie
POLITIQUE Beaucoup de scepticisme et d’ironie dans les réactions de la classe politique…
Bernard Tapie en 2013 à Marseille. - KARINE VILLALONGA/SIPAIl est de retour : comme Terminator, Bernard Tapie revient et il veut mettre à bas le Front national et le chômage. L’annonce de son retour en politique, faite ce dimanche dans le JDD, a provoqué de nombreuses réactions à droite comme à gauche.
Les enthousiasmés
Ils ne sont pas légion. Parmi eux, on compte Bruno Le Roux, le chef des députés socialistes, qui a déclaré sur Europe 1 : « S’il a un plan sur la question de l’emploi, il a dit qu’il le présenterait aux présidents de groupe, ma porte est grande ouverte pour discuter de choses concrètes, pas de posture ».
Henri Guaino, député Les Républicains, est lui plutôt enthousiaste : « Ça participera à l’animation du débat politique, c’est quelqu’un qui a toujours eu des choses à dire, je trouve ça plutôt sympathique », a-t-il déclaré sur iTélé.
Les scandalisés
Evidemment, les affaires qui collent à la peau de Bernard Tapie sont revenues dans la bouche de certains politiques. Pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France interrogé par Sud Radio - Public Sénat, ce retour est « une baudruche » : « Il faut que notre pays soit bien mal en point pour qu’on aille chercher un homme de 72 ans qui a été un escroc, et qui a été condamné par la justice, pour soi-disant lutter contre le Front national ».
Pour François Kalfon, secrétaire national du PS, « Bernard Tapie me fait penser à ces joueurs de bonneteau qu’on trouve à la porte de Saint-Ouen (…). Il s’est fait prendre la main dans le sac (…), rien de moins de 400 millions d’euros. Et bien, il remet son jeu sur le carton et puis, des fois, comme tous les bonimenteurs, (…) il se relance pour détourner l’attention », a-t-il déclaré sur LCI/Radio Classique.
Le Parti de gauche dénonce ce lundi matin sur Twitter un « retour de l’affairisme ».
François Bayrou, invité sur BFM, a longuement dénoncé un scandale d’Etat : « L’affaire Tapie, c’est pas l’affaire de Bernard Tapie. Il a sans doute été le bénéficiaire. Les responsables sont ceux qui étaient au gouvernement et qui ont organisé ce détournement d’argent public. Tapie a joué le jeu habituel de ceux qui veulent trouver des bénéfices. »
Les blasés
Les écologistes ont rappelé le passif de Bernard Tapie mais ne semblent pas faire grand cas de ce retour en politique. Denis Baupin, vice-président écologiste de l’Assemblée nationale, a déclaré sur France Info : « Franchement je pense que c’est un coup de bluff. Quand on mélange le monde des affaires, le monde de la politique, c’est une façon sans doute d’essayer de peser. » Quant à Cécile Duflot, elle estime que tout ça est « une vieille histoire » : « C’était le golden boy chéri de la gauche caviar », a déclaré la députée écologiste, admettant néanmoins que Bernard Tapie n’a pas tort « quand il dit que sur le chômage des jeunes, on ne peut pas admettre la situation telle qu’elle est. On va regarder avec attention. Mais, pour le coup, le départ et le retour de Tapie, c’est quand même une vieille histoire. »
Les ennemis jurés
Le Front national, directement pris pour cible par Bernard Tapie, a réagi en ironisant sur ce retour en politique. Robert Ménard estime ainsi qu’il ferait gagner un million de voix à Marine Le Pen en revenant dans le jeu politique.
Le sénateur-maire frontiste de Fréjus, David Rachline, a comparé Bernard Tapie à Jurassic Park : « Ce ne sont plus les éléphants de la gauche, là c’est carrément un dinosaure, c’est Jurassic Park ! Bernard Tapie est usé par son activité publique et par les affaires. C’est le retour aux vieilles méthodes, aux vieux amis », a-t-il déclaré à Var-matin. Le vice-président du FN Florian Philippot a estimé que le retour de Tapie était « navrant ».
Et sa femme dans tout ça ?
Même Dominique Tapie ne semble pas emballée par le retour de son mari dans l’arène politique : « Nous sommes ensemble depuis 42 ans et j’affirme toujours que sa seule erreur a été d’entrer en politique. J’étais d’ailleurs contre mais à l’époque il ne m’a pas écoutée », a-t-elle déclaré, promettant de tout faire pour le dissuader de se présenter à des élections.