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L'UDI soutiendra-t-elle Valérie Pécresse pour l'élection présidentielle ?
Oui, je proposerai samedi lors de notre conseil national de soutenir Valérie Pécresse à la présidentielle. Tout d'abord, parce que nous avons fait ensemble un travail de qualité et beaucoup échangé. Ensuite, parce qu'un nouveau mandat d'Emmanuel Macron serait dangereux pour le pays. Pour l'instant, elle est juste la candidate de la droite. Il faut maintenant qu'elle sache, comme Nicolas Sarkozy, réunir la droite et le centre et aller chercher les électeurs qui votent Macron. A cette condition-là, il y aura un changement en France. Si elle arrive à se qualifier au second tour, dans tous les cas de figure elle l'emportera parce que beaucoup de gens en ont assez de cette présidence marquée par le mépris du peuple. Nous devons donc créer une coalition sur un projet.
En ce début de campagne, Valérie Pécresse a beaucoup mis l'accent sur le thème de la sécurité et de l'immigration. Souhaiteriez-vous qu'elle intervienne davantage sur d'autres sujets ?
Elle a très bien rassemblé sa famille politique. Maintenant, il faut qu'elle sorte de ce qui serait un piège. On ne prendra pas d'électeurs à Eric Zemmour ou à Marine Le Pen. En revanche, beaucoup de gens se résignent à Emmanuel Macron mais aimeraient bien un espoir. Et cet espoir peut s'appeler Valérie Pécresse. Pour y arriver, il faut qu'elle réponde aux trois défis principaux des Français : la souveraineté, la cohésion et l'environnement.
Sur la souveraineté, la France n'est pas assez forte pour se défendre toute seule : la première condition de la France forte, c'est l'Europe puissante. Mais l'Europe ne doit avoir compétence que là où elle a valeur ajoutée. Nous devons par exemple avoir une politique de recherche mutuelle dans le domaine des nouvelles technologies, des énergies, etc. Nous sommes devenus des colonies numériques : nous dépendons des Chinois et des Américains. Il est urgent de construire cette souveraineté numérique européenne. Il est paradoxal que le continent qui a colonisé le monde soit en train de se faire coloniser numériquement. Nous devons également augmenter nos efforts en matière de défense nationale : tous les pays du monde sont en train de se réarmer. Nous ne devons pas être naïfs, on ne peut pas se retrouver aussi démuni qu’en 1939.
Sur la cohésion, Emmanuel Macron ne s'est occupé que des premiers de cordée. Nous voulons un ministère de lutte contre la fraude fiscale et sociale. Nous devons également nous occuper des quartiers populaires en donnant les moyens à ceux qui n'ont pas de travail d'en trouver. Il faut également décentraliser très fortement l'Etat qui ne devrait s'occuper que des fonctions régaliennes.
Valérie Pécresse est déjà bien entourée depuis sa victoire au congrès. Allez-vous devenir son cinquième mousquetaire ?
Parmi les quatre, il y en a tout de même un que l'on voit un peu plus que les autres, c'est Eric Ciotti. Pour gagner, il faut qu'elle tienne son aile droite et qu'elle fasse monter son aile modérée. Si notre conseil national vote le soutien à Valérie Pécresse, je souhaite que des responsables de l'UDI soient intégrés à tous les étages de l'organigramme. Je n'ai pas la même vision de l'Europe que François-Xavier Bellamy, pour autant je ne suis pas contre le fait que l'on participe à la même coalition. C'est une question d'influence. Le point positif, c'est que Valérie Pécresse est très ouverte, intéressée et curieuse des idées des autres. Pour l'instant on ne voit pas assez d'elle cette capacité à écouter et à entraîner, alors qu'elle l'a. Ce serait un contraste salvateur par rapport à Emmanuel Macron, qui n'écoute que lui. On ne peut pas transformer la France contre les Français et sans les Français, et cela, Valérie Pécresse l'a compris.
Vous évoquiez Eric Ciotti. Estimez-vous qu’il est trop présent dans la campagne?
L'omniprésence d'Eric Ciotti donne une fausse idée de la candidature de Valérie Pécresse, ça la rend unijambiste. Elle a une jambe droite qu'il incarne très bien. Vous ne trouverez pas les centristes sur le chemin de la faiblesse sur le rétablissement de l'autorité, du respect de la règle et de l'état de droit. Mais il faut également à Valérie Pécresse une jambe plus modérée que nous comptons incarner. Si elle n'est perçue que comme cela, alors elle sera la candidate d'une niche et pas celle de la droite et du centre. Mais ce n'est pas ce qu'elle souhaite. Son projet doit avoir deux jambes et nous serons l'une d'entre elles. Je n'ai pas de problème avec la ligne politique défendue par Valérie Pécresse qui est plus nuancée, diverse et complète que celle que défendait Eric Ciotti pendant la primaire.
Eric Ciotti s'est déjà positionné contre une alliance des Républicains avec l'UDI pour la présidentielle. Acceptera-t-il celle que vous envisagez ?
J'étais mercredi avec lui au siège des Républicains pour discuter des élections législatives. Je n'ai pas cru remarquer que ça le dérangeait d'être à côté de moi. Certes, il a parfois eu des expressions excessives à notre endroit, mais le temps de la réflexion et la volonté de construire une alternance lui a permis de changer d’avis. Il n’y a humainement aucun problème entre nous.
Les discussions entre vous et LR concernant les investitures pour les législatives ont commencé. Où en êtes-vous ?
Elles ont débuté depuis une semaine. Je souhaite qu'on puisse trouver un accord équilibré d'ici la mi-février. Je n'ai fixé aucun objectif quantitatif, ce n'est pas le sujet. Si elle est élue, Valérie Pécresse devra avoir une majorité qui représente ses deux jambes. L'exercice des investitures prend un peu de temps parce qu'il faut regarder sur chaque circonscription, qui est le candidat le plus à même de gagner.
Emmanuel Macron n'est pas encore officiellement entré en campagne mais il est tous les jours au cœur de l'actualité avec ses multiples déplacements. Cela vous inquiète-t-il ?
Ce n'est pas une vertu pour un président de la République sortant de faire semblant de ne pas être candidat alors qu'il fait campagne avec les moyens de l'état. Comme le dit Valérie Pécresse, il crame la caisse matin midi et soir. Avec un cynisme absolu, pour se faire réélire, il est capable de dire n'importe quoi et de dépenser sans compter.